« Mais qu’est-ce que je fous dans cet hôtel ? » se demandait Oscar-Séraphin Soupalõs.
En arrivant à la réception, après qu’il se fut présenté, les formalités d’usage accomplies, la maîtresse de séant qui veille à l’accueil des clients lui indiqua :
– « Voici la clef cher Monsieur. La 117. Elle donne sur le lac. Mademoiselle vous voulez bien conduire Monsieur SVP ? »
Franchement, l’endroit était sympa. Bungalows agréablement décorés sans surcharge, prolongés d’une terrasse de plein pied sur le très joli jardin paysager de cet établissement niché sur la rive Ouest de l’Itasy lake, entre Ampefy et Fihaonana. On était au petit soin pour Monsieur Oscar-Séraphin.
Quand Oscar-Séraphin Soupalõs ouvrit la porte, son attention fut immédiatement retenue par ce sac noir posé sur le blanc immaculé du couvre-lit. C’était donc ça ? Mais quoi au juste ? Un sac, une sacoche, une trousse ? Mais une trousse à quoi au juste ?
Après qu’il eut fermé à deux tours la porte derrière lui, il défit les boucles des deux lanières. C’est bien ce qu’il pensait.
Apparut un porte-cartes. Amovible et garnit de tout ce qui permet à un étranger – Soupalõs était de nationalité Française – de décliner son identité au titre de résident, investisseur à Madagascar. Quelques espèces en Ariary, la monnaie officielle du Pays.
De côté, en vis-à-vis, une poche frontale exhibait un éventail de cartes de visite, offrant aussi à son dos la possibilité d’abriter un passeport. Mais en l’occurrence c’est un carnet rouge s’y trouvait, l’ensemble attestant qu’à Madagascar, Oscar-Séraphin Soupalõs travaillait dans le secteur du cuir.
Et derrière cette panoplie ? Trois poches plates et superposées. Rien que ça ! De quoi ranger un billet d’avion, du courrier ou quelques factures.
La description pourrait être encore longue, tant cet objet n’était fait que de rangements. Il y avait d’abord ces deux poches zippées, accessibles de l’extérieur. Quant à l’intérieur, il se structurait en trois volets, deux plis roulés.
– Un espace pour tout ce qui concerne les contrôles, qu’ils soient routiers ou aux frontières… papiers de véhicule, attestation d’assurance et constat d’accident, cartes de crédits et d’identité, passeport, le tout immédiatement accessible à l’ouverture du sac.
– La partie centrale permettait d’embarquer différents effets. Carnet, bouquin, journal, canif, borne wifi, smartphone… S’y trouvaient d’ailleurs un Bic, un vieux Moleskine d’au moins trois ans, un 4S devenu d’un autre monde et un petit 32 de chez Aîné, souvenir d’une vie antérieure sur Bourbon. Tout un tas d’objets pouvaient ainsi trouver aisément leur place suivant les circonstances, avec également une poche légèrement matelassée pour protéger une tablette.
– Le dernier volet était zippé. Pouvait s’y loger un chéquier ou toute autre chose telle que des espèces, un chargeur, une clef USD ou encore un A4 plié en deux.
Alors s’agit-il du premier « sac à main » créé par IZAHO pour ces Messieurs, ou d’un nouveau genre pour vous Mesdames ? A cheval entre Rock’n Roll et gothique. Telle était la mission de Oscar Séraphin
Ok, ça ressemble plus à une trousse à outils pour « biker » qu’à une sacoche genre « baise-en-ville » pour « gentil petit Papa ». Mais est-ce que j’ai une gueule à me coltiner un sac à main ?
Oscar-Séraphin Soupalõs était encore tout à la découverte de ce qui faisait maintenant de lui un résident de longue date, un zanatany comme on dit ici, lorsque dans l’encadrement de sa baie vitrée passa dans un fourreau rouge, une silhouette gracile à la chevelure toute de boucles d’or.
Bien sensuât sous toutes coutures, Soupalõs n’eut pas le loisir de s’attarder à caresser du regard la volupté de ses courbes. Ses yeux furent immédiatement attirés par le sac à main de la dame. Il était de couleur marron. Un cuir naturel. Fermetures, design de la poignée, dimensions. La belle portait – à la main – un sac identique au sien. Griffé IZAHO de surcroît. Il voulu la suivre. Le temps qu’il planque son propre sac, elle avait disparu à l’angle du bungalow voisin…